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Psychologie

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Il catalogo è questo

16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 22:05
Dans la série du neuf avec du vieux, on passe à un Gluck, Le Feste d'Apollo. Le disque est sorti depuis.

Eh bien tout cela était fort intéressant!!

Aristeo et Philemon e Baucis sont deux belles partitions de Gluck tirées du recueil Le Feste d'Apollo; certains airs en seront repris dans des operas ulterieurs pour devenir: "Non sdegnare" de Paride e Elena, "L'espoir renait dans mon âme" de la version parisienne d'Orphée, le choeur de la haine dans Armide; mais ce fut aussi l'occastion de découvrir un air superbe: "Il mio pastor tu sei".



 

Les Talens lyriques étaient dirigés de main de maître par Christophe Rousset qui commence vraiment à nous habituer à l'excellence: rien de lourd ou qui sente le dechiffrage, on peut certes lui reprocher un petit manque de folie.



 

Ditte Andersen et Ann Hallenberg étaient plutôt tiraillées par le trac lors d'Aristeo: l'une peinait à tenir ses aigus dans ce qui sera l'ariette d'Orphée, et les cadences étaient soit sages, soit interrompues violemment puis reprises, soit ratées; mais déjà on peuvait admirer un grande précision dans la vocalise malgrè un volume sonore des plus faibles. Hallenberg était audible dès le début avec de beaux graves sensuels de mezzo, mais c'est le registre aigu qui répondait mal, or quand on sait à quel point ses aigus sont cristallins, on pouvait être déçu! La seconde partie du concert les a vu plus en forme: Andersen a retrouvé une projection plus adaptée au lieu et ses aigus n'étaient plus serrés, sauf le recurrent contre-fa d'"Il mio pastor tu sei", vraiment rikiki. Quant à Hallenberg elle nous a gratifié du sublime air avec pizz des violons qui deviendra le choeur initial de Paride e Elena: sublime d'un bout à l'autre, un legato onctueux, des aigus sonnants sans être agressifs et un grave chaleureux: le pied! 



 

Marie Lenormand était assez inaudible, fade et n'accrochant vraiment pas l'oreille. Quant à Magnus Staveland, il était franchement dépassé aussi: dès qu'il essayait de donner du volume à sa voix, on obtenait des sons très étranges, et le reste était juste ennuyeux du fait d'un manque clair du sens de la déclamation et de l'interprétation.

 

Une bonne soirée donc, qui venant après le très beau récital de d'Oustrac à Radio France m'ont fait passé un charmant dimanche! 

 

a a a AAAA a a a a(essai de contre-fa)
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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 21:51
En rangeant mon disque dur, je redécouvre quelques articles sauvegardés que j'avais publié sur un forum. Des fois que cela pourrait interesser quelqu'un, je les publie. Le style en est parfoit maladroit et répétitif, mais je l'assume.

Mon impression sur ce concert est assez mitigée, mais comme je découvrai les airs au programme, je ne vais pas m'étaler en considérations savantes (ce qui de toute façon m'arrive rarement! charmes de l'ignorance...  ).

 

L'orchestre porte bien mal son nom! Ces Folies françoises étaient très mécaniques, de la dynamicité sèhe et aucune souplesse, un seul mot: ennui! La Symphonie n° 29 était bien longue, et le concerto pour violon et orchestre n° 1 aussi avec un prime un soliste pas toujours juste. Bref je passe à la raison de ma venue ce soir là : la Sandrine! 


 

Le concert a mal commencé puisque dans le très virtuose «Non curo l'affetto», le medium répondait mal, du coup les graves ne passaient pas la rampe alors que les aigus étaient d'une rare finesse et qualité comme toujours. Le second air «A Berenice... Sol nascente» était bien mieux réussi, la voix ayant eu le temps de se chauffer, et Sandrine Piau a pu faire montre de tout son talent, cascade de vocalises aussi justes que charmantes et diablement compliquées, un véritable enchantement. D'ailleurs j'ai du mal à  comprendre les critiques de certains sur le volume de sa voix, qui certe est réduit mais n'en est pas moins percutant. Je l'ai toujours parfaitement entendu du fond du second balcon que ce soit au Chatelêt, à Radio France (oui je sais il n'y a pas de second balcon à RF, je vois que vous suivez) ou au TCE et pourtant ce soir l'orchestres jouait assez fort.

 

En seconde partie, deux airs bien plus dramatiques étaient programmés et le manque de soutien de l'orchestre s'est fait cruellement ressentir. Autant dans les deux premiers airs, Sandrine Piau pouvait assurer l'essentiel du spectacle par sa pyrotechnie vocale et faire oublier la routine baroqueuse de l'orchestre; autant là , elle avait vraiment besoin de son aide, sans compter que, comme le remarquait Baja, sa tessiture n'est pas la plus adaptée à ce type d'aria. «Voi avete un cor fedele» ne fut qu'à  moitié réussi du coup: Piau était sublime de sentiment et de maitrise vocale mais l'orchestre cafouillait trop pour la suivre. Quant à «Ah ! Lo previdi...Ah ! T'invola», tout son talent n'a pas suffit à me sauver de l'ennui. C'était à  mon sens le moins bon moment du concert, d'autant plus frustrant que bien accompagnée elle aurait pu faire quelque chose de tout à fait satisfaisant.

 

En bis, nous avons eu droit au «Parto» de Lucio Silla: du grand art, on retrouvait la grande chanteuse, tout y était parfait, et l'orchestre semblait plus à l'aise dans cette partition hyperconnue et balisée; de même pour le «Ruhe sanft» qui était le meilleur moment du concert, air qu'elle maitrisait parfaitement pour avoir déjà chanté le rôle entier; enfin ce fut à nouveau «Non curo l'affetto», bien plus accompli que la première fois: plus assuré avec plus de grave et d'audace dans le da capo (eh oui c'est possible!).

 

Je m'etonne que ce concert n'ait pas fait l'objet d'une captation radio, cela eu valu le coup ne serait-ce que pour Piau. Je n'ai jamais vu le TCE aussi vide (sans doute à cause des départs en vacance), mais je ne m'en plaindrais pas car j'ai encore une fois pu me replacer confortablement. Par contre pour vide qu'il fut, le TCE n'a jamais autant résonné des quintes de toux des tuberculeux qui le peuplaient! A tel point qu'un spectateur a même du crier "Ah suffit maintenant" pour mettre un terme à ces intermèdes qui venaient polluer chaque silence quand ce n'était pas les piani de Sandrine!

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15 novembre 2008 6 15 /11 /novembre /2008 21:44
[J.C. Spinosi a donné un entretien à Télérama qui paraît cette semaine sur 4 pages...]   


 _______________________________  


 Semaine du 15 au 21 novembre :     


 TELEVISION:                

       
 
        ¤¤  L'heure de l'opéra: Don Giovanni
: samedi 15 à 23h25  (France3)
Sur des extraits du MET 2000 (Levine/Zeffirelli) avec Terfel, Furlanetto, Fleming, Kringelborn...
 
 
        ¤¤  Werther de Massenet
 (Châtelet, avril 2004) : dans la nuit de lundi à mardi vers 1h25 du matin  (France2)
Plasson - Thomas Hampson (Werther), Susan Graham (Charlotte), Stéphane Degout (Albert), Sandrine Piau (Sophie), René Schirrer (Le Bailli), François Piolino (Schmidt), Laurent Alvaro (Johann)
[Ce ne sont peut-être que des extraits]


 
 
  RADIO:         
 
        ¤¤  Note contre note: avec Michèle Sajous D'Oria : samedi 15 à 9h30  (FM)
Pour "Bleu et or - La scène et la salle en France au temps des Lumières, 1748-1807"
 
 
        ¤¤  Concert D'Andiolini / Escaich / Cavanna (Radio France, oct. 08) : samedi 15 à 13h05  (FM)
P. Roullier - 
 
 
        ¤¤  La petite renarde rusée de Janacek (ONP, octobre 08) : samedi 15 à 19h30  (FM)
D. Russell Davies - E. Tsallagova; H.E. Minutillo; J. Rasilainen; M. Lagrange; D. Kuebler; R. Bracht
 
 
        ¤¤  La tribune des critiques de disques: Monteverdi: Madrigaux guerriers et amoureux (8e Livre): dimanche 16 à 10h  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Pärt / M. Haydn / Poulenc / Messiaen (La Chaise-Dieu; août 08) : dimanche 16 à 13h05  (FM)
A. Van Beek -
 
 
        ¤¤  Classic classique: avec Stéphane Lissner : dimanche 16 à 13h30  (RTL)
 
 
        ¤¤  Ariane et Barbe-Bleue de Dukas : dimanche 16 à 14h30  (FM)
L. Botstein - L. Phillips; P. Bardon; P. Rose; L. Slasak-Nolen; A. James; D. Touchais; Davies
 
 
        ¤¤  Les greniers de la mémoire: Giorgio Strehler (1) : dimanche 16 à 17h  (FM)
 
 
        ¤¤  Histoire de...: La vie musicale à Vienne : de lundi à vendredi à 9h30  (FM)
[Lundi et mardi, ce sera Mozart.]
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Mozart et les femmes : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
[Avec des beaux morceaux dedans...]
 
 
        ¤¤  Messe en sol m et Cantates n° 102 et 140 de Bach (TCE, non. 08) : mercredi 19 à 14h30  (FM)
Masaaki Suzuki - H. Blazikova; R. Blaze; J. Kobow; P. Kooij
 
 
        ¤¤  Concert Robert / Du Mont (CMBV; oct. 08) : jeudi 20 à 20h  (FM)
O. Schneebeli - D. Saskova; D. Guillon; R. Getchell; J.F. Novelli; A. Buet; A. Richard...
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9 novembre 2008 7 09 /11 /novembre /2008 20:50
Comme l'avait prévu Bajazet, l'emission de Gaëtan Naulleau Les enfants du baroque consacrée à la pronciation restituée dans les opéras français du XVIIème siècle (principalement ceux de Lully donc) fut très intéressante. On peut l'écouter pendant une semaine sur le site de l'emission.
Rappelons brièvement ce qu'est la prononciation restituée dite aussi ancienne: elle consiste à prononcer le texte comme on le prononçait à l'époque de la création des oeuvres, en l'état actuel des recherches sur la question; les deux exemples les plus significatifs sont: les "oi" qui deviennent "ouè" (la "glouèr" pour la gloire) ou les "s" du pluriels qui ne sont plus muets.
Comme le résume très bien Gaëtan Naulleau, le débat est le suivant: "Sommes nous en train de révéler ou de surcharger?"

Pour éviter de laborieuses répétitions, j'adopterai les abréviations suivantes:
Prononciation ancienne ou restituée = Pr
Prononciation moderne = Pm

Les forces en présence modérées par Gaëtan Naulleau étaient les suivantes:

Contre la Pr
Jacques Drillon, linguiste et critique musical au Nouvel Obs.
Hugo Reyne, chef d'orchestre défenseur bien connu des oeuvres de Lully dont il a entrepris l'enregistrement intégral avec sa Symphonie du Marais.

Pour la Pr
Michel Verchaeve, chanteur et fondateur de la Compagnie baroque, auteur d'un traité de chant et de mise-en-scène baroque.
Buford Norman, auteur de l'ouvrage de référence sur Quinault.

Une interview d'Isabelle Druet (qui chanté dans les deux prononciations) a été intégrée au débat.

Ce débat est plus que jamais d'actualité avec les productions de Benjamin Lazar, élève d'Eugène Green, qui fut l'un des premiers à proner une prononciation restituée. Vous trouverez plusieurs commentaires sur le spectacle Cadmus et Hermione réçemment sorti en DVD, ici, ou de ce coté.

Avant de commencer, un petit rappel sur l'état des forces parmi les chefs d'orchestre qui jouent ce repertoire aujourd'hui (je me fonde sur leurs spectacles et enregistrements, toute correction quant à l'intention des intéressés ou leur éventuel changement d'avis est la bienvenue): tous ont pris le parti de la Pm, sauf Vincent Dumestre (avec Benjamin Lazar); Hervé Niquet hésite (dans ses productions il penche pour la Pm mais quand il fait travailler les jeunes chanteurs de l'Académie d'Ambronay pour une oeuvre du XVIIIème siècle, c'est étonnament la Pr qui l'emporte); Hugo Reyne y a renoncé (il a travaillé avec le jeune Benjamin Lazar et s'est donc essayé à la Pr).
On aurait cependant tort de penser que la majorité a raison, je dis cela simplement pour pointer du doigt le fait que les défenseurs de la Pr sont encore peu nombreux en pratique, de fait on ne peut pas tout de suite demander à ces musiciens qui défrichent une nouvelle façon de faire d'avoir l'excellence de leurs confrères qui se nourrissent d'un siècle de mémoire sonore de la déclamation théâtrale.

Voilà un résumé des arguments avancés et leurs contre-arguments, que je consigne ici pour permettre au débat de se poursuivre au dela de l'archivage audio de l'émission. Entre parenthèse les initiales des intervenants; en bleu les attaquants de la Pr, en rouge les défenseurs; je numérote les arguments pour vous permettre d'y réagir plus facilement. Suivra mon pti avis personnel et je l'espère le votre :-)

Contre la Pr
1. (HR) intéressante mais excessive, la Pr pourrait cependant permettre en s'assagissant de trouver un certain équilibre.
2. (HR et JD) L'état actuel des connaissances ne permet pas de rendre parfaitement la prononciation de l'époque.
3. (JD) La Pr rend le texte incompréhensible et attire trop l'attention sur le son au détriment du sens. (MV) C'est la faute de l'interprête et non de la Pr. (BN) Après un temps d'adaptation, l'écoute est plus attentive et l'on comprends mieux le texte (notemment grace à la lenteur du débit), (GN) on est ainsi plus attentif au sens. (JD) Il y a d'autres façons moins artificielles d'attirer l'attention du spectateur sur le texte.
4. (JD) Contrairement à la lutte pour l'utilisation des instruments anciens qui dépoussierait cette musique, la Pr rajoute un filtre superflu. (GN) L'utilisation des instrumens anciens n'est pas qu'un décrassage réducteur de cette musique, elle a aussi permis d'ajouter de nouvelles options. (JD) Tout comme lorsque l'on nettoie un tableau, on retrouve la vivacité des couleurs d'origine.
5. (HR) La volonté de toujours ajouter de nouvelles options interprétatives est le fruit d'un ego artistique mal contenu qui est contraire à la volonté de Lully de purifier la musique en cherchant le plus de classicisme possible.
6. (JD) L'idée selon laquelle la Pr correspond mieux à la tonalité de la musique de Lully est une invention intellectuelle pure (exemple du "a" dur) et déguiser un code sous une loi naturelle est une malhonneteté intellectuelle.
7. (JD) En s'attachant à rendre le texte en Pr, même si ce travail est utile, le jeu de l'acteur lui-même y perd.
8. (HR) La Pr est souvent un pis-aller pour des chanteurs qui ne savent pas varier l'expression.
9. (HR) La mise en musique de Lully est suffisante pour assurer la musicalité du texte.
10. (HR) Il est réducteur de concentrer le travail à accomplir sur ces oeuvres à la Pr.


Pour la Pr
A. Tout comme on l'a fait il y a peu pour le latin dans les oeuvres sacréés (ex: "dominus" et non "dominous"; "edificavit" et non "edificawit"; "ejus" et non "eyous"), (BN) l'on doit retrouver une prononciation plus fidèle pour restituer toute sa valeur musicale à la prosodie de ces oeuvres.
B. (GN) La Pr permet de retrouver la matière de la voix. (JD) Le grain de la voix existe toujours, même dans la Pm.
C. (MV) La Pr n'en est encore qu'à ses débuts et il faut du temps pour parvenir à une exécution dont l'excellence sera comparable à celle de la Pm.
D. (MV) La Pr est plus facile à chanter. (ID) Pas de différence fondamentale.
E. (MV) La Pr est indispensable pour rendre les rimes.
F. (MV) Dans les faits, le train est en marche, la Pr ne peut plus être ignorée. D'ailleurs cela répond à une envie du public venu assisté à guichet fermé à Cadmus et Hermione.
G. (GN) Les deux pronciations ont leur valeur et il faut laisser le choix aux artistes. (MV) La Pr doit faire partie de l'éducation du chanteur, même s'il s'en détourne cela influera sa Pm.
H. (MV) L'on dispose de notes de l'époque sur la déclamation dont il serait idiot de ne pas tenir compte. (JD) La prononciation et la déclamation n'ont pas le moindre rapport. (HR) Ni Lully, ni Quinault n'ont écrit de traité; quant à ceux qui nous sont parvenus, leur fiabilité n'est pas établie, ils se contredisent d'ailleurs.
I. (ID) La Pr cisele le texte et permet au chanteur de plus jouer avec le texte, de lui donner sa pleine mesure
J. (ID) Le défi du chanteur face à la Pr est justement de retrouver sa liberté au sein d'un code.
K. (ID) Tout comme pour le code chorégraphique, le public est davantage dans l'univers esthétique et s'en trouve plus touché, une fois le code accepté.


Tous les intervenants étaient de qualité, même si on a peu entendu Buford Norman et que l'agressivité de Jacques Drillon, si elle animait le débat, le déservait quelque peu.

Très beau débat donc dans cette émission qui m'a permi de mieux apprécier les mérites de la Pr, moi qui y était épidermiquement opposé. Tous les arguments me semblent valables, sauf le F: la production de Cadmus et Hermione a surtout joui de l'intérêt pour Lully, et pour le travail visuel de Benjamin Lazar plus que pour la Pr, le Théâtre des Champs-Elysées (qui peut accueillir plus de monde) a aussi fait salle comble pour Armide ou Thésée chantés en Pm et l'Opéra Comique n'était pas plein pour Le Carnaval et la Folie de Destouches chanté en Pr.

Réentendre Isabelle Druet chanter m'a presque convaincu de la beauté de la Pr. Et puis Françoise Masset est arrivée et le moderne a repris le dessus (hihi). Le chant de Blandine Staskiewicz aurait aussi été une brillante illustration.

Au final je reste partisan de la Pm, quoique l'on dise des progrès fait (et à faire) dans la restitution de la prononciation ancienne, même son exécution la plus parfaite rompera l'immédiate émotion ressentie à l'écoute du texte.
C'est aussi une question de génération et de passé esthétique: quand on a été impressionné par la langue de Racine prononcée de façon moderne, on a du mal à y renoncer, même pour des raisons philologiques.
Et je suis très sensible à l'argument 5 d'Hugo Reyne: la Pr sonne vraiment trop exotique, je n'attends pas ici de truculence du texte, juste la noble simplicité et la calme grandeur. Ce qui me parle dans  l'opéra, c'est la façon de suresthétiser le réel, et particulièrement dans la Tragédie lyrique ou tout n'est qu'élévation et sublime; seuls les passages bouffes peuvent supporter la Pr, son coté paysan illustrant parfaitement la vulgarité (au sens propre, sans jugement de valeur) de ces passages.


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7 novembre 2008 5 07 /11 /novembre /2008 18:13
Semaine du 8 au 14 novembre :

      TELEVISION:       

                
 
        ¤¤  Faustus, the last night de Dusapin (Lyon, 2006) : dans la nuit de samedi à dimanche à 1h10  (France3)
J. Stockhammer / P. Mussbach - G. Nigl; U. Malmberg...
[info]
 
 
        ¤¤  Le couronnement de Poppée de Monteverdi (Aix; 2000) : lundi 10 à 22h40  (ARTE)
Minkowski / K.M. Grüber - A.S. von Otter; M. Delunsch; S. Brunet; C. Hellekant; D. Sedov...
 
 
        ¤¤  Psyché de C. Franck (Orsay; juin 08) : dans la nuit de lundi à mardi vers 1h35 du matin  (France2)
K. Masur - (récitante: ?)
 
 
        ¤¤  Toute la musique qu'ils aiment: Renée Fleming : vendredi 14 à minuit 30  (France3)
 


    RADIO:         
 
        ¤¤  Caecilia virgo et martyr H 397 de M.A. Charpentier (Ambronay, sept. 08) : samedi 8 à 13h05  (FM)
E. Higginbottom - 
 
 
        ¤¤  Les enfants du baroque: débat sur la prononciation restituée dans le chant et au théâtre: samedi 8 à 18h  (FM)
A l'occasion de la sortie du DVD de Cadmus et Hermione; avec Jacques Drillon, Buford Norman, Hugo Reyne, Michel Verschaeve. [émission recommandée par M. Bajazet]
 
 
        ¤¤  La fiancée vendue de Smetana (ONP, octobre 08) : samedi 8 à 19h30  (FM)
J. Belohlavek - C. Oelze; A. Briscein... [voir le Bajablog]
 
 
        ¤¤  Concert "Baroque des Philippines" (Milly-la-Forêt; oct. 08) : dimanche 9 à 13h05  (FM)
 
 
        ¤¤  Classic classique: avec Natalie Dessay : dimanche 9 à 13h30  (RTL)
Pour son CD "Bach Cantatas"
 
 
        ¤¤  Don Quichotte chez la duchesse de Boismortier (Niquet)
+ Les tréteaux de Maître Pierre de Falla (A. Argenta) : dimanche 9 à 14h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Histoire de...: La vie musicale à Vienne : de lundi à vendredi à 9h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Le matin des musiciens: La musique anglaise: entre Réforme et Restauration : lundi 10 à 10h  (FM) 
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Janacek, lettres intimes : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Rossi / Lully (Versailles; oct. 08) : lundi 10 à 14h30  (FM)
P. Cohën-Akenine - Extraits de l'Orfeo de Rossi; Lully: Le ballet royal de la Naissance de Vénus, le ballet des Muses, le ballet royal de la Raillerie, les Jeux pithiens (ext.), Psyché (intermèdes).
 
 
        ¤¤  Grands interprètes: Ton Koopman : lundi, mardi, jeudi et vendredi à 16h  (FM)
 
 
        ¤¤  Les élections de l'opéra (Mogador, en direct) : lundi 10 à 19h  (Radio Classique)
Les résultats - Avec S. Piau, J.P. Lafont, M. Léger...
 
 
        ¤¤  Symphonie n° 3 de Mahler (Lucerne, août 07) : lundi 10 à 21h  (Radio Classique)
Abbado - A. Larsson
 
 
        ¤¤  Génération classique: avec notamment Amel Brahim-Djelloul : mardi 11 à 21h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Suites n° 1 et n° 2 de Grieg (St-Quentin-en-Yvelines; oct. 08) : jeudi 13 à 20h  (FM)
Y. Levi - D. Sandre (récitant); B. Arnoud
 
 
        ¤¤  La vie baroque: Skip Sempé : jeudi 13 à 21h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Patrimoine classique: Anna Netrebko : jeudi 13 à 23h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  L'invité classique: Patricia Petibon : vendredi 14 à 18h30  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Messe en si m de Bach (Pleyel, en direct) : vendredi  14 à 20h  (FM)
T. Koopman - S. Piau; M.C. Chappuis; J. Dürmüller; K. Mertens
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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 23:05

Staatskapelle Berlin
Pierre Boulez : direction
Dorothea Röschmann : soprano

Salle Pleyel
3 novembre 2008

© Clive Barda
 
Gustav Mahler

Des Knaben Wunderhorn
"Rheinlegendchen"
"Das Irdische Leben"
"Verlorne Müh"
"Wo die schönen Trompeten blasen"
"Wer hat dies Liedlein erdacht?"
"Lob des hohen Verstandes"


Symphonie n° 4


Et encore un article enflammé du ravi de la crêche qui n'en finit plus de s'extasier devant Mahler si excellement interprété. Pourtant c'était mal parti, de ma place jeune au premier rang du parterre j'avais le nez dans les pieds des altos et le moindre fremissement des contrebasses faisait vibrer mon programme, j'exagère à peine. Mais finalement ça a du bon d'être ainsi plongé dans l'orchestre pour ce repertoire. J'apercevais Röschmann de biais dès que Boulez s'écartait de son pupitre, c'est ce que l'on appelle une éclipse récurrente du soleil par la lune (oui je sais ce serait plutot l'inverse si on respecte les sexes, mais en allemand ça marche, na!).

Bon alors qu'en dire si ce n'est que je suis scié; je connaissais la Staatskapelle de Berlin de réputation mais j'étais loin de m'attendre à un tel choc: pour les lieder ça change de l'orchestre de Paris, putain! Et je n'ai jamais été aussi transporté par la quatrième de Mahler. Je ne fréquente pas assez ce repertoire pour détailler leur interprétation, mais quelque chose m'a frappé, c'est l'entrain avec lequel ils jouent cette musique. Contrairement à d'autres excellentes formations comme le London Symphony Orchestra par exemple, dont les musiciences ont l'excellence routinière et quasi-mécanique, ces musiciens là sont vraiment convaincus par ce qu'ils font jusqu'au zèle: par exemple le moindre pizzicato est exécuté avec une méticulosité formidable et en voilà qui n'ont pas peur d'élargir leur palette de nuances. Bref ils semblent avoir à choeur de reproduire chaque soir le miracle de leur cohésion et ne ménagent pas leurs efforts  pour y parvenir. C'est d'ailleurs la première fois que je vois les musiciens se serrer la main avant de quitter le plateau.
C'était aussi la première fois que je voyais Pierre Boulez, et j'ai été étonné par sa façon de diriger extrêmement "sourde", il n'y a ni grands mouvements ou gesticulations, ni petits gestes précis et secs, on sent que le gros du travail a été fait pendant les répétitions et que le professionalisme de cet orchestre fait qu'ils n'ont presque plus besoin du chef pendant le concert, tant ses intentions sont intégrées. Cette direction est pourtant très analytique, parfois glaçante mais toujours très energique.

Quant à la belle Dorothea Röschmann, certes elle ne possède pas les talents de conteurs de Matthias Goerne et peu sembler parfois un peu trop réservée, mais la voix est magnifique, d'une tenue remarquable (c'est d'autant plus sensible quand on est proche du chanteur) et d'une rondeur qui ne sacrifie rien à la diction; quelque chose d'à la fois moelleux et dense (qui a dit "un punching ball"?!), c'est extrêmement touchant et pudique. Pudeur qui nous rappelle à quelle point elle excelle dans Scarlatti; ses vocalises parfaitement exécutées nous rappellent aussi quelle grande chanteuse baroque elle est.



Bref un concert comme celui-çi vous dynamise pour la semaine, j'espère que vous n'avez pas loupé la retransmission radio.
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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 20:30

Tristan und Isolde
de Wagner
Opéra Bastille, 30 octobre 2008

1

Mise en scène Peter Sellars
Vidéo Bill Viola
Costumes Martin Pakledinaz
Lumières James F. Ingalls

Tristan Clifton Forbis
König Marke Franz-Josef Selig
Isolde Waltraud Meier
Kurwenal Alexander Marco-Buhrmester
Brangäne Ekaterina Gubanova
Melot Ralf Lukas
Ein Hirt / Ein junger Seemann Bernard Richter
Ein Steuermann Robert Gleadow

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Chef des Choeurs Alessandro Di Stefano
Direction musicale Semyon Bychkov

2


Derniere reprise avant d'être retirée du repertoire pour des raisons juridiques relatives à la vidéo, il faut absolument aller voir ce spectacle dont la magie n'opére qu'en salle; une probable sortie en DVD n'en captera certainement pas le dixième de la beauté.

3


C'était la deuxième fois que je voyais cette production, découverte à la création où, happé par la vidéo et la splendeur de la musique (mon premier Wagner!), je n'avais que distraitement apprécié la qualité de la mise-en-scène et était resté muet d'admiration devant la splendeur de la vidéo. Aujourd'hui avec la reflexion, l'experience et mon cheminement dans la découverte de l'oeuvre wagnerienne, je suis plus à même de pouvoir mettre des mots sur mon emerveillement.

4

Une fois n'est pas coutume, je commencerai par parler de l'équipe musicale. Clifton Forbis m'a clairement déçu, son Tristan manque d'élégance, c'est débraillé, souvent laid, l'energie est là mais pas du tout controllée, sans compter que sur scène il n'a aucune allure, c'est grossier: lors de sa grande scène de l'acte III il deverse sa souffrance de façon puissante mais erratique et sans nuances, sans conscience du drame et de sa progression, du coup on s'ennuie et à voir sa grosse bedaine sortir de son pyjama on s'interroge: mort ou coma éthylique?
Heureusement Alexander Marco-Burhmester est là pour structurer la scène; je l'ai tout autant apprécié que dans Parsifal ici même où ses qualités d'acteurs et sa sensibilité faisaient oublier une voix assez commune.
Tout l'inverse de ce Tristan, je ne louerai jamais assez le roi Mark de Franz-Josef Selig: la langue d'abord est d'une limpidité éclatante, le phrasé délicat, la voix porte étonnement loin dans Bastille (salle réputée peu favorable aux voix graves) et ce sans jamais forcer, le naturel et la pudeur de l'acteur finissent d'en faire l'étoile du plateau.
Mais il n'est pas le seul, Waltraud Meier brille toujours: même si la longueur de sa partie et l'avancée de sa carrière ne lui permettent plus de flamber vocalement (le medium est souvent sourd et couvert par l'orchestre; l'aigu est puissant mais serré et manque de couleur) la composition dramatique reste mémorable, il n'y a qu'a voir le cri silencieux qu'elle jette à la fin du II ou l'hypnose apaisée dans laquelle elle chante le Liebestod pour comprendre que c'est dans la retenue qu'elle est la plus puissante; d'autant que ce chant très nerveux (loin du moelleux de l'autre grande Isolde actuelle qu'est Nina Stemme) lui permet de rendre superbement la vindicte de l'acte I. Cette Isolde là bouleverse par sa stature.
Elle est accompagnée par la splendide Brangäne d'Ekaterina Gubanova, dans une forme vocale remarquable et qui a retrouvé la belle diction que je louais dans son Nicklausse mais faisait défaut pour son Roméo et Juliette, avec une douceur du timbre que je ne lui connaissais pas.
Les seconds rôles sont moins mémorables, en particulier le Melot de Ralf Lukas qui fait capoter l'assassinat symbolique à la fin du II (mais il faut dire que le jeu pataud et maladroit de Clifton Forbis n'aide en rien), sauf Bernard Richter dont la clareté du timbre et la tenue de la ligne m'ont etonné par rapport au souvenir que je gardais de lui dans Zampa.

5

Le choeur de l'opéra de Paris a toujours ce coté mal dégrossi et gueulard, accentué par le fait qu'ils sont placés dans les abords à cour, l'accueil de l'acte I sonne assez paysan. Quant à la direction de Semyon Bychkov elle est assez problématique: il prend le parti de la lenteur et du moelleux comme pour plonger le spectateur dans un océan musical, océan qui symboliquement trouve un écho tant dans le livret que dans la vidéo, ainsi sa direction met très en valeur les cordes, particulièrement les violons et fond le reste dans une douce pate orchestrale très homogène. C'est tout à fait défendable, mais sur 4 heures de musique, le manque de contraste se fait aussi gênant que la manque d'air, cette apnée musicale demande par ailleurs un regain de concentration pour celui dont l'attention est déjà très sollicitée par la vidéo, la méticulosite de la mise-en-scène et le surtitres. Cette direction aurait donc gagné à plus de variété. Cela dit il est toujours difficile de reprocher au chef les défauts de sa direction à l'opéra de Paris, tant l'orchestre se montre peu coopérant si celui-çi n'est pas d'une renommée que les musiciens estiment égale à celle de leur ensemble. On peut donc aussi soupçonner les musiciens d'avoir jouer plus mollement que sous les prestigieuses baguettes d'Esa-Pekka Salonen ou de Valery Gergiev.


6



La mise-en-scène de Peter Sellars est la plus déroutante que j'ai jamais vue sur une scène d'opéra. D'abord parce que toute la poésie visuelle est concentrée dans la vidéo: pour seul décor une estrade et des costumes dont les tons vont du gris au noir, le tout sur un fond noir. On ne distingue donc clairement que la peau et le visage des chanteurs, le reste apparait au grès des excellents et très fins éclairages de James F. Ingalls. La mise-en-scène de Peter Sellars se limite donc à deux outils: la direction d'acteurs et les éclairages. La première est réglée au millimêtre, toute son efficacité tient dans son économie qui exclut toute ombre de gesticulation. La seconde est d'autant plus importante que tel le sous-titre d'un excellent film de Fassbinder sur la folie, on peut dire que cette production est un voyage vers la lumière. Je m'explique.
Le livret de Wagner assimile symboliquement l'eau et l'obscurité à la mort et à la passion amoureuse (Eros et Thanatos tout ça), tandis que la lumière est vie et rationalité. Si l'on garde cela en tête on comprend bien des choses:
- le carré de lumière sur Tristan menant le navire au I tandis qu'Isolde est releguée sur son estrade à ourdir sa fatale vengeance (et avec ce simple effet on comprend visuellement que l'amour entre Tristan et Isolde est déjà sous-jacent chez celle-çi)
- un autre carré de lumière tirant sur le vert depuis lequel Kurwenal guette l'apparition du bateau tandis que Tristan mourrant délire sur l'estrade
- mais surtout la fin du I: Tristan et Isolde viennent de boire le filtre d'amour et acostent sur le rivage, la lumière de la salle s'allume transformant la scène en vaisseau et la salle en port peuplé pour fêter l'arrivée de l'expédition (d'où les choeurs dans les abords), le roi Marke arrive au milieu du parterre en face des deux héros ahuris, la tragédie est déjà là, plongés dans la lumière de la réalité, Tristan et Isolde sont perdus et l'acte s'achève sur une extinction des feux aveuglante, comme annonçant l'issue du drame.
Cette symbolique de la lumière on la retrouve aussi évidemment dans la vidéo, mais avant d'en parler. Terminons sur la direction d'acteurs pour signaler l'intelligence de Peter Sellars de placer certains personnages secondaires dans les loges de coté: loin de l'effet éculé que cela peut avoir chez Robert Carsen, la parcimonie du procédé réussit à casser la séparation entre la salle et la scène et à propulser le spectateur dans l'action, ce qui n'est pas chose aisée à Bastille, pour que la magie de l'oeuvre opére pleinement.


© P.Gély
7


(NB: pour plus de clareté, quand j'évoque une vidéo vous en trouverez une image extraite dans le compte rendu, la correspondance est possible grace aux chiffres entre parenthèses).

Le premier mérite de la vidéo de Bill Viola est d'illustrer des poncifs de l'idylle amoureuse de façon superbe, sans aucune niaiserie. Cela tient évidemment à l'ahurissant travail de photographie et c'est là que l'on comprend que cette production ne marcherait pas avec n'importe quelle vidéo, la qualité du travail de la lumière la rend indisociable du travail de Sellars et surtout, j'ose le mot, idéal pour illustrer la symbolique de l'oeuvre.
Sa seconde qualité est sa lenteur: rien de précipité, les images prennent leur temps et sont souvent ralenties par rapport à la réalité, de la même façon que la musique prend le temps de représenter une situation dramatique assez réduite, la vidéo calque ce ryhtme et les changements de climats musicaux ont toujours pour écho un changement visuel; ensuite l'utilisation répétée d'un très lent travelling-avant (6) poussé à l'excès (du point lumineux jusqu'à la figure) rend très sensible cette éclosion musicale qui caractérise l'oeuvre.

8

L'abondance de cette vidéo est donc purement qualitative et permet une admiration conjointe avec celle de la musique; pour l'attention au texte de Wagner et à la direction d'acteurs, surtout s'il s'agit d'une découverte, il faudra sans doute y retourner sous peine d'over-dose esthétique :o)

Enfin cette vidéo est intimement liée à l'univers symbolique de l'oeuvre: l'acte I est presque un prélude, après des plans sur la mer agitée du littoral irlandais, suit une longue illustration du thème de la purification par l'eau (humilité des figures de l'homme et de la femme mises à nu puis lavées à grands flots par leur serviteur - la symétrie avec les personnages du drame est ici évidente - puis apnée) (7), l'eau qui est celle du philtre d'amour, mais aussi celle sur laquelle ils naviguent. A travers toutes les autres vidéos, l'amour sera symbolisé par l'univers aquatique: le duo d'amour au II en le plus parfait exemple, avant de se retrouver nus dans une mer aussi bleue que pure (6), les amants ont cheminé dans une foret en noir et blanc abrités de la lumière blanche du soleil par les frondaisons ou des rochers, avant d'aller se noyer sur le rivage. Et l'on retrouve ici la lumière! Tout l'air du roi Marke a d'ailleurs pour illustration visuelle un lever de soleil éclatant en couleur sur la campagne (8), traduisant l'opposition avec l'univers sombre et aqueux des amoureux, car l'amour de Marke n'a rien de passionnel, il est purement politique et il y renonce d'ailleurs aisément au III une fois que Brangäne lui a révélé le rôle du philtre et donc la loyauté de Tristan.
91011 

On peut encore pousser l'analyse plus loin (et oui!): car pendant l'air d'Isolde au II, la vidéo nous montre une jeune femme allumant des bougies alignées religieusement (1 et 4). "Ah mais je croyais qu'Isolde c'était la passion, l'eau et l'obscurité" penserez-vous. Ben non. Isolde c'est justement celle qui va apporter la lumière dans cette passion amoureuse, d'où le voyage vers la lumière que me semble être cette mise-en-scène. Et je le prouve. Pendant les souffrances de Tristan au III, on voyage dans une eau trouble et orange annonçant l'arrivée de la clareté (12), ses hallucinations sont rendues par des brouillards vidéos gris (vous savez, ce que vous avez sur votre écran de télé pendant l'orage si vous possédez une antenne herztienne), l'arrivée d'Isolde c'est la clarification de ce brouillard, en mirage d'abord (9) puis nettement (10): derrière elle un mur de flammes (Tristan traversait de façon indifférente un foyer ardent au II (5)), elle s'avance puis plonge dans ce qui se révèle donc être de l'eau et que l'on prenait pour un sol ferme (11). Les bougies se sont transformées en mur de flammes avec la séparation physique et Isolde plonge chercher son amant au fond de l'eau où il est descendu précedemment (3). Même s'il meurt à son arrivée elle le ressuscite par le célebrissime Liebestod: c'est la vidéo que de mauvaises langues appellent celle du cachet d'aspirine (13). Le double de Tristan étendu est porté vers la surface par une pluie d'air ascendante, dans une lumière de plus en plus forte, il atteint la surface au climax du morceau, et à la surface quoikigna? une source lumineuse! (2) Mais pas une source ponctuelle comme le soleil, une source diffuse, une présence lumineuse plutôt dont on ne distinguerait pas l'origine, Tristan flotte dans une lumière bleue comme les fonds marins au dessus de l'onde, tous les contraires sont unis, la musique s'apaise, les derniers accords résonnent, l'enchantement s'achève.

12


Bref c'est à voir ABSOLUMENT! Une utilisation si parfaite de la vidéo sur scène est à ma connaissance inédite. Cela dit on peut tout à fait ne pas aimer, mais je ne supporte pas les grincheux qui considèrent cela comme une "distraction"; comme me le disait un papi londonien hier à Garnier :"on est venu pour entendre la musique, le texte, voir les actions de Wagner, pas ça, cela nous détourne de l'oeuvre". Evidemment on baisse les bras devant tant de bêtise qui, prise au pied de la lettre, n'autoriserait qu'à monter des versions de concert, mais le propos était lui même dupe en assimilant insconsciemment mise-en-scène traditionnelle donc déjà vue, habituelle et l'oeuvre de Wagner. Comme si la tradition conservatrice laissait l'oeuvre s'épanouir pleinement. Et il y a fort à parier que ceux qui ont hué ce soir là, sont de ceux qui pensent que le cinéma est un art mineur, alors la vidéo n'en parlons pas! J'ajoute que pour tous ceux qui sont rebutés par Wagner au disque ou en DVD, ce spectacle est une porte d'entrée révée: ce fut mon premier Wagner, ce fut aussi celui de mes parents ce jeudi qui n'ont pas regretté le déplacement. Et la mort d'Isolde sonne de façon tout à fait différente après les quatre heures de musique qu'elle condense en quelques minutes. C'est bien ce qui me frappe le plus dans cette oeuvre: le voyage musical qui nous fait ressortir de la salle tout chamboulé.

13

Et pour finir un bon tuyau: pour une fois votre longue attente pour avoir une place à prix réduit paiera, car ce spectacle est surtaxé (196€ en catégorie 1), or pour une reprise et surtout pour une production si déroutante c'est clairement un erreur de marketing, on compte donc de nombreuses excellentes places vides. Deux façons à la Bastille je le rappelle: les places à 5€ (venir à 15h30 au plus tard - lever de rideaux à 18h) mais vous ne pourrez vous replacer pour le I qu'au parterre, or le dispositif scénique et l'acoustique de la salle sont plus appréciables au premier balcon; donc mieux vaut faire la queue au guichet pour les places restantes bradées à 20€, ce spectacle les vaut très très amplement, et vous n'aurez pas à venir aussi tôt que pour les places à 5€. A noter tout de même, le spectacle demande une telle attention, qu'il n'est pas du tout conseillé d'y arriver fatigué, vous louperiez tout. Bon maintenant je me tais, je ne peux rien faire de plus pour vous engager à y aller.









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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 13:42
La Petite Renarde Rusée
de Leos Janacek 

Opéra Bastille, 29 octobre 2008

© Bernd Uhlig

Mise en scène André Engel
Décors Nicky Rieti
Costumes Elizabeth Neumuller
Lumières André Diot
Dramaturgie Dominique Muller

Le Garde-chasse Jukka Rasilainen
Sa Femme Michèle Lagrange
L’Instituteur David Kuebler
Le Prêtre Roland Bracht
Harašta Paul Gay
La Renarde Elena Tsallagova
Le Renard Hannah Esther Minutillo

Orchestre, Choeurs et Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Choeur d’enfants de l’Opéra national de Paris

Chef des Choeurs Alessandro Di Stefano

Direction musicale Dennis Russell Davies


Allez c'est parti pour un déluge d'articles, 6 soirées en 8 jours, je n'ai jamais fait mieux! On commence avec cette production gentillette. Autant vous dire tout de suite qu'à part le Tristan, en ce moment je decouvre tout: l'oeuvre est pleine de charme avec son orchestration riche et variée et ses situations amusantes qui n'excluent pas un certain réalisme pour la mort de la renarde, réalisme sur lequel l'emporte l'optimisme fantaisiste du final.

© Bernd Uhlig

La mise-en-scène d'André Engel (déjà créée à Lyon et au TCE) ne m'a que mollement convaincu; certes le traitement des animaux est très réussi: les poules femmes de ménage; la vache qui tient son pis en sac à main; les moustiques avec leur seringue géante; le papillon est une chenille qui tient un cerf-volant; seule la renarde est peu identifiable, dommage, et on pourra reprocher au coq d'avoir des attributs virils franchement caricaturaux illustrant bien les ravages du caleçon, du temps et de la gravité; quant à la direction d'acteurs, elle ne manque pas de vitalité, ce sont plutot les chanteurs qui en manquent parfois (lorsque la renarde s'attaque aux poules, c'est à peine si elle les frole...). Mais c'est surtout l'esthétique des décors de Nicky Rieti qui ne convient pas au spectacle: si l'alternance virtuose des décors sur laquelle repose tous les spectacles de Engel fonctionne assez bien malgrè un usage de la toile de scène un peu trop récurrent, ces murs lisses et propres manquent clairement de vie, tout semble aseptisé au point d'étouffer la fantaisie introduite par les animaux. Le spectacle ne fonctionne donc vraiment que pour la scène hivernale et la présence initiale des tournesols est la seule touche de couleur agréable; il est etonnant, quand on voit une toile de scène qui joue la carte de la fantaisie enfantine, de trouver un décor si froid. Bref cette production manque clairement de joie, de peps; il faut dire aussi que jouer un tel opéra dans une salle aussi vaste que la Bastille est une erreur grossière.

© Bernd Uhlig

Du coté des chanteurs, la frustration est aussi de mise: l'ensemble n'est pas honteux, loin de là, mais manque de rayonnement, souvent couverts par l'orchestre qui ne joue pourtant pas fort, les chanteurs ont du mal à donner une vitalité à leur personnage; sans doute la salle a ici encore sa part de responsabilité: cette musique exige un sourire toute en finesse, mais à moins de faire montre d'une dentition Colgate ultra-bright, passé le cinquième rang, on ne voit plus rien. Choeurs et orchestre se sont tous montrés bien chantants et agréables, mais rien à faire, ça ne décolle jamais.

Une jolie soirée donc, mais sans plus.

© Bernd Uhlig

Le spectacle sera diffusé sur France Musique le 15 novembre; mais on pourra le voir dès le 4 novembre sur le site internet de l'Opéra National de Paris, la captation vidéo devrait (pour une fois) rendre le spectacle plus agréable puis sur medici.tv avant une diffusion sur France2 que Caroline ne manquera pas de nous rappeler :-)

© Bernd Uhlig

En attendant vous pouvez voir de nombreuses photos, interviews et des extraits vidéo du spectacle sur le site de l'ONP.
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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 13:36
[la vidéo de La petite renarde rusée sera diffusée sur le site Internet de l'ONP le 4 novembre à 19h30. Sur un circuit parallèle, il sera possible de la voir gratuitement pendant un mois (medici.tv), ensuite, il y aura une diffusion sur France2...]


Semaine du 1er au 7 novembre :
 
 
 
TELEVISION:
                       
 
        ¤¤  Louise de Charpentier (ONP, 2007) : samedi 1er à minuit 15  (France3)
S. Cambreling / A. Engel - Delunsch... (article de Licida sur la reprise de 2008)
 
 
        ¤¤  Requiem de Fauré (BNF) : dimanche 2 à 19h  (ARTE)
E. Krivine
 
 
        ¤¤  Le Trouvère de Verdi (Milan) : dans la nuit de dimanche à lundi vers 2h30 du matin  (TF1)
Muti
 
 
        ¤¤  Marius et Fanny de V. Cosma (Marseille, nov. 07) : jeudi 6 à 21h  (ARTE)
J. Lacombe / J.L. Grinda - R. Alagna; A. Gheorghiu...
 
 
       ¤¤  Musiques au coeur cinq étoiles: Natalie Dessay, Paris-New York : vendredi 7 à 22h35  (France2)
Film d'Esti (avec interventions d'E.R. en prime)
 
 
 
RADIO:
        
 
        ¤¤  Concert Lully (Versailles, oct. 08) : samedi 1er à 13h05  (FM)
S. Sempé - Extraits des Plaisirs de l'île enchantée, de la Pastorale comique, du Grand divertissement...
 
 
        ¤¤  Divorce à l'italienne de G. Battistelli (Nancy, octobre 08) : samedi 1er à 19h30  (FM)
D. Kawka
 
 
        ¤¤  Classic classique: avec Renée Fleming : dimanche 2 à 13h30  (RTL)
Pour son CD des 4 derniers Lieder
 
 
        ¤¤  Le mas de Canteloube (version inédite) : dimanche 2 à 14h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Les greniers de la mémoire: entretiens avec Carlo Maria Giulini (2) : dimanche 2 à 17h  (FM)
 
 
        ¤¤  Les élections de l'opéra : avec N. Dessay : dimanche 2 à 18h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Messe en si b M de Schubert : dimanche 2 à 21h05  (France Inter)
R. Muti - G. Kühmeiere; E. Garanca; T. Lehtipuu; H. Lippert; L. Pisaroni 
 
 
        ¤¤  Histoire de...: La vie musicale à Vienne : de lundi à vendredi à 9h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Smetana, l'éveilleur : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Mahler (Pleyel, en direct) : lundi 3 à 20h  (FM)
Boulez - D. Röschmann
 
 
        ¤¤  Génération classique: avec E. Garanca et F.X. Roth : mardi 4 à 21h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Récital de Petra Lang (auditorium du Louvre; oct. 08) : mercredi 4 à 14h30  (FM)
C. Spencer, piano - Programme Brahms, Schumann, Wolf, Mahler
 
 
        ¤¤  Le goût des autres: Vier letzte Lieder de Strauss : mercredi 4 à 21h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Concert Schumann / Malher (Pleyel, oct. 08) : jeudi 6 à 14h30  (FM)
C. Eschenbach - Matthias Goerne (article de Licida)
 
 
        ¤¤  L'invité classique: Natalie Dessay : jeudi 6 à 18h30  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Dans la cour des grands : Le voyage à Reims (Massy, en direct) : vendredi 7 à 14h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Haydn / Mozart (Cité de la musique, en direct) : vendredi 7 à 20h  (FM)
T. Koopman - Sandrine Piau (Exsultate jubilate; air de Pamina)

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 15:56
Comme on a gagné une heure, je me trouve dans une faille spatio-temporelle qui me permet d'écrire une fournée de mini-articles dont j'ai le secret. D'ailleurs, étant donné le nombre de concerts auxquels j'assisterai cette année, il se peut que ce service minimum du compte-rendu devienne plus fréquent, me permettant ainsi de consacrer mon energie à la présentation d'artistes voire d'oeuvres, soyons fous!


*Barenboim et le West-Eastern Divan à Pleyel (25.08.08)


Alors si vous pensez que je suis capable d'écrire quoi que ce soit sur les Variations opus 31de Schönberg, je suis désolé de vous décevoir, mais malgrè les leçons de David sur la question, je reste coit.
Par contre j'ai trouvé l'Acte I de la Walkyrie formidable: l'excellence de l'orchestre fut d'autant plus remarquable que, non seulement tous les membres sont jeunes, mais surtout qu'ils n'ont presque jamais l'occasion de répéter ensemble puisqu'ils sont originaires de presque tous les pays du Moyen-Orient. Daniel Barenboim (qui avait déjà oeuvré pour la tolérance en jouant pour la première fois après la guerre du Wagner à Jérusalem) s'est d'ailleurs fendu d'un long discours à la fin du concert, après avoir tapé la bise à TOUS les musiciens (certains ont même eu droit à double ration): si l'on ne peut qu'être d'accord sur le fond (la paix entre israeliens et palestiniens...) et même s'il prechait devant un public déjà convaincu, le symbole était fort quand on considère les embuches du projet (Barenboim a d'ailleurs été agressé par des extremistes à Jerusalem le mois dernier) et l'excellence du résultat. L'enthousiasme de la salle fut d'ailleurs inhabituel, et Barenboim de souligner (de mémoire) "je sais bien que vous étiez venu à ce concert avec indulgence pour l'orchestre, en ne vous attendant pas à quelque chose d'excellent", tout heureux d'avoir surpris l'audience.
Mais si l'on est pris dès le début par cette introduction à la fois cursive et laborieuse, la tension se maintient tout le long graçe à une Waltraud Meier solaire qui n'en finit pas de m'époustoufler et à au Hunding de luxe incarné par René Pape, trop élégant et noble pour le personnage certes, mais qui réussit à donner de l'intérêt aux peu de répliques que lui réservent la partition! Reste le Sigmund honnête de Simon O'Neill qui ne marque cependant ni par la beauté du timbre, ni par l'intelligence dramatique.



*Von Otter dans la Tragédie lyrique à Pleyel (10.09.08)

Après sa superbe Médée, on se doutait bien qu'Anne-Sofie von Otter n'était pas finie et qu'elle avait encore du talent à revendre dans le repertoire français du XVIIème et XVIIIème siècles, on ne se trompait pas. Pourtant ce concert fut inégal: si elle réussit parfaitement à composer un personnage de grande dame excentrique jouant les paysannes et chantant "Auprès du feu l'on fait l'amour, aussi bien que sur la fougère" de Charpentier, elle est incapable d'avoir le coté plébeien nécessaire au "Ma bergère est tendre et fidèle" de Lambert dont la gouaille est forcée et peu crédible. Par contre "Ombre de mon amant" du même Lambert fut un petit miracle de tristesse aussi profonde que pudique. Puis vint un très agréable "Celle qui fait mon tourment" chanté avec le sourire, l'esprit et en tappant du pied, réjouissant.
Jusqu'ici l'orchestre fut irréprochable, dans ce repertoire de chambre avec effectif réduit, les Arts florissants et William Christie savent faire preuve d'une finesse enchanteresse. Par contre la seconde partie a révélé leur "défaut" habituel dans ce repertoire: un coté trop violoneux, trop léger, qui manque d'assise et de prestance; je mets des guillemets car je conçois très bien que l'on puisse apprécier cette vision qui m'ennuie.
Dès lors l'invocation infernale de la Médée de Charpentier manquait d'effroi: certes je trouvais von Otter un peu trop soft dans cette scène, plus habitué à la ferme epaisseur de d'Oustrac ou de Hunt, mais ses qualités de diction et de tragédienne furent indeignables. Reste qu'avec un tel orchestre, j'ai pensé que Médée commandait sa tunique empoisonnée aux enfers comme d'autres vont chez Pizza Hut, les danses faisant ici office de musique d'attente.
Pour le "Cruelle mère des amours" de Phèdre, l'orchestre s'est montré plus convaincant, mais le "Quelle plainte en ces lieux m'appelle" a souffert de cette même absence de tension dramatique que doivent apporter la basse continue et les vents. Quant aux Fêtes d'Hébé, ce n'est pas vraiment le Rameau que je préfère, alors joué sur la pointe des pieds...
Un disque paraitra en 2010, une fois la tournée terminée, gageons que cela sera très profitable aux séances d'enregistrement.



*Hommage à Jerome Robbins à Garnier (24.09.08)

De Jerome Robbins je ne connaissais que la chorégraphie du célèbre film West Side Story et je me trouvais étonné de constater que, parmi les mordus de ballets que je fréquente, peu connaissaient ne serait-ce que son nom... maintenant je comprends pourquoi. Sans vouloir trop préjuger à partir de l'aperçu donné ici, il faut bien avouer que son travail n'a pas grand intérêt passées les années 50. L'entrée au repertoire En sol est une sorte de sous Balanchine assez ennuyeuse et le In the night un truc aussi joli-joli que casse-couille pour des Etoiles sachant briller avec de zoli costumes. Donc entre ces deux merdes oeuvres qui ne m'ont pas passionné, le Triade de Benjamin Millepied fit très bonne impression, j'ai particulièrement été séduit par le coté Alvin Ailey déconstruit (si vous comprenez ce que ça veut dire, je dis chapeau!) et par Audric Bezard à la fluidité et à l'energie remarquables.
Puis vint enfin The concert, chorégraphie satirique des années 50 qui fit la preuve du génie de Robbins: l'oeuvre se moque pêle-mèle des différents archétypes du public de concert classique mais aussi des petits rats, de leur danse niaisotte et de leurs erreurs, puis du défilé militaire pour finir en grand délire façon danse nuptiale des papillons. C'est super, y a pas à dire! Rien que pour cette pièce, cela valait le coup d'endurer les deux autres.



*Armide de Lully au TCE (16.09.08)

Bon je sais bien que j'aurais du croiser le fer avec David mais franchement je n'éprouve pas l'envie d'enfoncer ce spectacle dont la platitude m'a assomé. J'en ai dis deux, trois mots en commentaire à l'excellente analyse de Baja, cela suffira bien.

*Matthias Goerne à Pleyel (22.10.08)

Voilà par contre un concert plus enthousiasmant! Je ne connaissais de Matthias Goerne que son magnifique Wolfram à Bastille et n'avais alors pas remarqué son fabuleux talent de narrateur! Bon alors avant y avait l'orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach qui ont joué du Schuman (La Fiancée de Messine et le Konzertstück pour 4 cors), ok c'est bien, ça se laisse écouter (surtout le premier d'une noirceur qui oppresse et bouscule à la fois). Mais ce n'était qu'un prélude à ce fabuleux Knabenwunderhorn de Mahler. J'avais du écouter ça par Ferrier (?) dans ma jeunesse, mais je n'en gardais aucun souvenir: que c'est beau! Oui j'adore m'emerveiller devant ce que tout le monde connait déjà, du coup je me dispenserai de vous parler des mérites de l'oeuvre :o)
Le grand talent de Matthias Goerne ce soir (accompagné par un orchestre que je n'avais jamais entendu aussi attentif) fut de donner une continuité à ce recueil de lieder assez variés: plutot que d'incarner des personnages différents, on entend une seule personnalité protéiforme qui peut aussi bien se prendre pour un soldat que pour une enfant affamé, comme si tous ces masques (ces "personnae" comme disaient les latins) existaient en nous plus ou moins enfouis et que la musique permettait de les faire vivre, ou comment Goerne nous apprend que Mahler était un grand psychanalyste. Et c'est par la délicatesse de son chant que Goerne a pu incarner cet être aussi varié que polyphonique. Point de grossiereté pour la sentinelle initiale, point d'expressionisme puérile pour l'enfant affamé, point de scepticisme grinçant pour le jugement de l'âne pas plus que d'emportements démesurés pour le prisonnier libertaire, sans quoi ils sembleraient trop distants et ne se feraient plus echo, car leur communauté se trouve finalement dans le recueil lui même, ce sublime Urlicht. Et je vous vois craindre une interprétation trop polie, affadie par trop d'égalisation, à force de vouloir rapprocher, on perd la vitalité et la diversité du recueil: pas du tout. Car Goerne ne renonce pas à caractériser, il s'interdit de caricaturer, son incarnation n'en est que plus crédible: elle irrigue chaque lied, leur donne vie et particularité sans faire oublier leur origine commune. Splendide.



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